الثلاثاء، 10 أبريل 2012

Le Goncourt du premier roman attribué à François Garde



François Garde
              "L'édition 2012 du Prix Goncourt du premier roman récompense François Garde et son livre inspiré d'une histoire vraie : Ce qu'il advint du sauvage blanc (Gallimard, NRF). L'occasion pour le Magazine littéraire de vous faire redécouvrir l'article sur cet ouvrage qui a paru dans le numéro de mars.
               Quand l’eau venait à manquer sur les bateaux de long cours, le capitaine commandait à quelques hommes d’« aller à l’aiguade » - il fallait se rapprocher d’un rivage inconnu et y envoyer une mission chargée de revenir avec de l’eau douce. C’est ainsi que Narcisse Pelletier fut abandonné sur la côte nord d’une Australie encore largement inexplorée en ce milieu de XIXe siècle. Pour ne pas « creuser au hasard », le marin décida de chercher là où les autres n’iraient pas, afin « de tenter de repérer des traces de vie » qui le guideraient vers la source salvatrice. Mais, en furetant parmi les touffes d’herbes et les arbres tropicaux, le matelot s’éloigna du groupe et ne le retrouva jamais.
                Le mot « trace » est le palindrome du mot « écart » : c’est en cherchant une trace de vie que le « sauvage blanc » se retrouva à l’écart de notre monde. Il lui fallut sortir du rang pour trouver une autre vie. Et de quelle vie s’agit-il ? Celle de la littérature de voyage et de ses héros aventuriers, auxquels le romancier élève ici un précieux mausolée. Cette construction prend forme en deux temps - deux époques même : les chapitres suivent Narcisse pendant ses premiers mois sur cette terre inconnue (d’abord solitaire, puis recueilli par une tribu) et, entre chacun de ces tableaux, viennent s’intercaler les lettres d’un géographe français, qui, dix-sept ans plus tard, s’intéresse au cas de cette « énigme vivante », retrouvée par des marins anglais, le corps couvert de tatouages et ayant tout oublié de son passé. Ce qu’il advint du sauvage blanc est, somme toute, l’histoire d’un personnage (et non d’un homme, ce n’est pas la même chose) qui aurait oublié sa langue et son nom, mais qui aurait un récit enfoui au fond de sa mémoire.
               L’alternance entre le récit livré (les chapitres) et la quête de ce récit (les lettres d’Octave) abolit l’ellipse et étouffe une grande partie du mystère pour porter notre attention sur une autre question : le retour vers la civilisation est-il possible pour Narcisse ? Octave réussira-t-il à faire parler le mutique matelot ? Et, si oui, pour quoi faire ? Pour faire progresser la Science, avec un S majuscule, bien sûr ; mais aussi pour publier cette histoire, en faire un livre. Pour raconter. D’ailleurs, rien n’offusquera plus notre vicomte géographe (pourtant d’une retenue et d’une candeur à toute épreuve) que lorsque la revue de la Société de géographie refusera de faire paraître son papier sur Narcisse. Le constat final sera encore plus amer : les secrets ne se laissent jamais révéler. Comme pour les peuples indigènes et Narcisse, « qui les observe les change ». Les héros d’antan ne parleront plus : il faut désormais les imaginer aussi libres et bornés que le sauvage blanc.
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(Via .)

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